1. Préambule
Parfois, le travail sur les aspects biomécaniques du corps humain ne suffit pas. Il est nécessaire de tenter d’ « aller plus loin » afin d’aider notre organisme à identifier certains facteurs de résistance plus ou moins conscients, toujours involontaires, qui participent à maintenir des douleurs ou gènes chroniques. La « voie finale commune » » de ces résistances s’exprime, dans le corps, par des tensions musculaires difficiles à identifier et donc à relâcher. C’est souvent le cas au niveau des épaules, de la mâchoire, de l’abdomen et du diaphragme par exemple. L’expression de ces résistances peut aussi s’exprimer par des comportements ou attitudes qui ne sont plus en accord avec notre identité profonde mais qui ont toujours un sens au niveau émotionnel, relationnel et au final « neuro-végétatif ».
Il est alors nécessaire d’aider à diminuer l’activité du mental, sans jamais le nier ou le dénigrer puisque c’est cette structure qui nous permet de vivre en société. Lorsque l’activité du mental prend le pas en permanence, il vient souvent juger, comparer, chercher à comprendre et à interpréter certaines sensations corporelles. Or c’est souvent dans l’autre sens qu’il est nécessaire d’aller : Apaiser l’hyperactivité mentale afin de laisser le corps s’exprimer et seulement ensuite, éventuellement, donner du sens à ces tensions. C’est le but de toutes les approches dites psycho-corporelles.
De nombreux outils existent afin de favoriser cet abord sensoriel. Tous ont pour objectif d’aller vers un état de méditation plus ou moins profond en diminuant la « pensée » et en favorisant le ressenti, l’intuition, les messages du corps et du coeur… et certaines peurs. Aussi puissants soient-ils, ces outils restent des outils et ne sont jamais une fin en soi.
J’utilise essentiellement le travail sur le souffle, qui se prête bien aux soins en cabinet. Je mets en avant une longue expérience dans ce domaine, lié à plus de vingt ans de pratique des arts martiaux chinois et taoïstes (Fung Fu Yi Quan auprès d’Ilias Calimintzos (http://www.yiquan.fr/), ainsi que mon expérience du Pranayama et de la respiration holotropique. Si cette approche de base sur la respiration donne de bons résultats auprès des patient(e)s, j’invite souvent celles-ci et ceux-ci à aller plus loin auprès de formateurs spécialisés et agréés dans certaines approches spécifiques, en premier lieu vers la respiration holotropique qui permet de toucher en grande profondeur, ainsi que vers toutes les formes de yoga qui utilisent le Pranayama (la discipline du souffle). Le pranayama est un patrimoine immense et incroyablement riche, qui nécessite bien souvent un apprentissage auprès d’un professionnel expérimenté. Ce travail respiratoire avec ses variantes et ses finesses fait partie d’un patrimoine antique qui échappe à toute tentative de récupération par des brevets ou des noms propres.
2. Le travail respiratoire ou « breathwork »
La respiration est éminemment liée au monde des émotions, elle possède une double innervation :
- Une partie volontaire car nous pouvons intervenir sur le rythme et l’amplitude de la respiration ;
- Une partie involontaire, liée au système nerveux autonome, soumise aux besoins physiologiques de l’organisme et aussi en relation directe avec nos émotions.
Ainsi en intervenant de manière volontaire sur notre respiration nous pouvons avoir un accès efficace à la gestion de certaines de nos émotions.
C’est quoi « gérer nos émotions » ?
Il ne s’agit aucunement de nier nos émotions ou les « surmonter » mais bien au contraire de les contacter, de les vivre sans peur afin de d’en faire circuler les manifestations dans notre corps. Souvent, ce n’est pas la peur qui nous fige… mais la peur d’avoir peur !
Pourquoi travailler sur ce contrôle volontaire de la respiration ?
- Pour améliorer la qualité ventilatoire en augmentant les échanges gazeux et la capacité de l’organisme à réguler le pH sanguin ;
- Pour faire fonctionner au mieux le diaphragme et les abdominaux tout en relâchant les contraintes sur les épaules et les cervicales ;
- Pour favoriser les fonctions viscérales et digestives, ainsi que les retours veineux et lymphatique, et partant de là pour apaiser certaines douleurs abdominales ou pelviennes ;
- Pour dynamiser le système nerveux parasympathique et apaiser l’hyperactivité du mental, donc diminuer le stress aigu ou chronique ;
- Pour gérer un peu mieux certaines de nos émotions notamment celles qui arrivent par « bouffées » comme la peur, la panique, la colère ou tout autre stress.
Comment effectuer ce travail de respiration consciente :
- Le rythme : on peut soit l’accélérer en hyperventilant, soit le ralentir, jusqu’à pratiquer des rétentions (apnées). Ces rétentions peuvent se faire poumons pleins (en fin d’inspir) ou poumons vides (en fin d’expir).
- La mobilisation des émotions : c’est sur ce point que je veux mettre l’accent au fil de ces vidéos. C’est un point souvent négligé, il est vrai que l’apaisement du mental vient « tout seul » avec les exercices respiratoires mais on peut aller beaucoup plus loin en forçant le calme pendant qu’on force une montée émotionnelle.
Comment faire monter intentionnellement des bouffées émotionnelles afin de les faire circuler au lieu de les subir ?
En contactant la sensation de manque d’air : avec le ralentissement du rythme lors de la respiration dite « carrée » ou « en roue », avec les rétentions prolongées après des séquences d’hyperventilation.
Lors du ralentissement du rythme respiratoire ou a fortiori des rétentions, vous allez inévitablement contacter deux étapes émotionnelles : d’abord l’envie de respirer, puis le besoin de respirer. Ce ne sont dans un premier temps que des sensations. En apprenant à différer, à repousser ne serait-ce que de quelques secondes la reprise d’air en forçant le calme vous apprenez à reprendre un peu la main sur ces sensations purement émotionnelles.
C’est là l’intérêt majeur de ce type de travail de respiration consciente. Si vous restez toujours dans une zone de confort en reprenant de l’air dès que vous en ressentez l’envie, vous contactez un calme intéressant mais sans vraiment progresser dans la gestion de vos émotions. Comme en pratique sportive il faut savoir parfois pousser (un peu et de façon progressive) la machine, en l’occurrence contacter cette sensation de panique (somme toute très relative) induite par le manque d’air et l’augmentation de la pression du gaz carbonique dans le sang ce qui améliore les capacités normales d’adaptation physiologique. Ça ne dure que quelques secondes mais c’est très efficace et les progrès très rapides !
Si vous pratiquez seul, faites léger et ne poussez jamais vos limites : quelques secondes de calme suffisent largement pour contacter ces émotions sans avoir à risquer une syncope. Si vous souffrez d’une maladie respiratoire ou cardiaque tournez-vous vers un professionnel qui vous orientera dans un sens adapté à votre situation d’alcalose ou d’acidose respiratoire. Si vous êtes enceinte, abstenez-vous de pratiquer des rétentions prolongées sans un encadrement adapté et en présentiel. Si vous voulez explorer plus loin ce type de travail alors tournez-vous vers des coachs, des professionnels, et au mieux vers la respiration holotropique encadrée par des personnes compétentes et expérimentées. J’ai d’excellents contacts sur Suisse et aussi en France.
Bonne pratique !